L'HISTOIRE D'UNE FAMILLE, UNE FAMILLE DANS L'HISTOIRE, DES HISTOIRES DE FAMILLE











l'Histoire de la famille VILAIN la famille de mon Père, et de la Famille CHAUVET celle de ma Mère








Si des membres ou des amis de la famille , ont des documents, papiers ou photos concernant notre famille, ou ont connaissance d'anecdotes et d'informations ils peuvent me contatcter et/ou m'adresser ces documents en les scannant et me les envoyer par mail:
j-philippe.vilain@wanadoo.fr






















lundi 31 janvier 2011

EDGARD CHAUVET, MON GRAND-PERE (Branche maternelle)

    1894, en France, Casimir PERIER est Président de la République , mais nous nous transportons en Amérique du Sud,  en République d'Argentine. Depuis seulement 14 ans sa capitale a été fixée à Buenos Aires.  Nous rejoignons une petite ville du nord de l'Argentine, Concordia près de la frontière avec le Paraguay.




Casimir PERIER, Président de la République.





    Un petite famille d'immigrés français attends un heureux évènement. Cela fait 4 à 5 ans qu'ils sont installés là, cherchant a faire fortune comme le promettait les brochures et publicités qui les ont incité à venir. Tout cela à cause du phylloxera.
    Lui, le père, Jean CHAUVET était boulanger à St Félix dans le Sud-Charente. Elle, Marie-Angéline ROY était originaire de Berneuil. Il se sont mariés en 1886, et cela a été le seul mariage de l'année à Poullignac, dans la toute petite église du village.

église de Poullignac
 C'était avant le Phylloxera, cette saloperie qui a détruit toutes les vignes de Charente. Du coup toute l'économie locale s'est écroulée, plus de travail, des famines, des épidémies, les gens n'ont plus le sou, les gens partent vers les villes, vers les colonies, à l'étranger.
    A la même période, les toutes nouvelles républiques d' Amérique du Sud font du charme. De nombreux encarts de réclame (on ne dit pas encore publicité) font miroiter monts et merveilles, dans  un eldorado en manque de colons. Ces pays neufs ont besoin de bras pour démarrer une économie quasi inexistante depuis leurs indépendances.
    Pour des raisons que nous étudierons dans d'autres chapitres, Jean et Marie-Angéline CHAUVET font leurs paquets et partent à l'aventure car il n'y a plus rien à perdre. Rester c'est peut être mourir, autant partir pour un ailleurs dont on ignore même ce qu'il sera. Ils prennent donc le bateau, débarquent en Argentine et s'installent dans le nord, à Concordia.




    Je n'ai que peu d'éléments sur leur période Argentine si ce n'est qu'ils auront un premier fils en 1892, Hilaire, et nous voilà  en 1894, le 29 Septembre précisément, ce jour là,   Edgard vient au monde.

    Edgard, André CHAUVET fils de Jean, André CHAUVET et de Marie-Angéline ROY deviendra ce grand gaillard d' 1m96 qui sera mon Grand-père.


    Nous n'avons que peu d'informations sur leur vie en Argentine, mais il semble que cela n'est pas été aussi rose que cela le promettait. Ils se sont mis à l'espagnol sans trop de difficultés,  et ils en garderont  l'accent toute leur vie. D'ailleurs ,  ils s'appelleront entre eux par des diminutifs d'origine espagnole, Hilaire deviendra Hilario, même  Marie- Elodie la petite dernière qui naîtra en France  répondra au surnom d'Hélina,...


    Puis subitement, ils reviennent en France vers 1900. Était-ce l'état de santé de la grand-mère restée à Ste Souline(le berceau de la famille CHAUVET) ou était-ce les bruits de la Guerre qui se précisait qui les poussa à rentrer ? je ne le saurai probablement jamais. La petite troisième et dernière enfant du couple naît en France en 1906.
Pour tous les habitants du village, et des environs, ils seront les "Étrangers" dont on se méfiera longtemps, avec leur drôle d'accent.

    Je n'ai pas d'information sur la scolarité ou la jeunesse de mon grand-père Edgard. Pour moi son Histoire commence pendant la Grande-Guerre. Comme son frère, il combattra à Verdun. Mais si son frère aîné succombera des suites de la misère vécue  dans les  tranchées, lui sera gravement blessé dans sa chair.




    Il aura un poumon arraché par un éclat d'obus. Laissé pour mort, on se rend compte qu'il est encore chaud et flasque au moment de jeter son corps sur la pile de cadavres. On le ramène à l' Ambulance (hôpital de campagne près du front , juste derrière les tranchées). Il survivra mais  rentrera meurtris à vie;  il aura des soins tout le temps, et  cela à la longue lui coûtera la vie. Il manquera même de se faire fusiller ou déporter comme nous le verrons plus tard.
    A la fin de la guerre il mettra du temps à s'en remettre, mais un seul poumon ne l'arrêtera pas. Il a 24 ans c'est un grand beau jeune homme, très classe. Une voix tonitruante, très virile lui donne, en plus, un charme fou. Comme beaucoup de jeunes des Années Folles il va s'étourdir à faire la fête. Il sait jouer de plusieurs instruments (piston et clarinette) et bien vite avec plusieurs amis,  ils jouent dans les bals du Sud-Charente.
    Il joue également pour animer les repas de mariage et c'est ainsi qu'il va rencontrer un petit bout femme, mignonne à croquer. Ses taches de rousseur, (lui même est rouquin) et son petit nez en trompette l'ont charmé. Elle est cuisinière, et il se retrouve souvent lors des nombreux repas de mariages qui suivent la fin de la guerre.
    Elle, c'est Helène CLAUSURE. Ils vont s'aimer et se marier.


    Le 28 Avril 1928, une joyeuse assemblée se présente à la mairie de Ste Souline. Etienne TROLONGE, maire de la commune fait entrer tout ce petit monde, tant bien que mal, dans la toute petite salle de la Mairie. Après les vérifications d'usage, lecture des articles du code civil faite,  Monsieur le maire va unir les deux tourtereaux :
Edgard, André CHAUVET, 33 ans, cultivateur, domicilié aux "Hautes Lunettes"; et Hélène, Marguerite, Thérèse CLAUSURE, 22 ans, cuisinière, domiciliée "Chez Bouchet" à Ste Souline. Une seule absente, la Mère de la mariée, décédée en 1923 à Montboyer.
Tout le monde signe les actes, y compris les deux témoins Abel, Marc MATRAT cultivateur à Ste Souline et Abel HERVOIR menuisier à St Médard d'Eyrans en Gironde. Ils sont enfin unis pour le meilleur et pour le pire.

Ils vont s'occuper des terres familiales à Ste Souline, aux "Hautes Lunettes". Puis juste un peu avant la guerre mon grand-Père deviendra Cantonnier à Chadurie, arrondissant les fins de mois en exploitant quelques hectares à "Boisrond" sur cette même commune  où ils vont habiter jusqu'à sa Retraite, et  tout cela pour nourrir sa famille nombreuse.

    A la maison, on vit comme au 19ème siècle, Edgard mange à table avec ses enfants autour de lui, son épouse se tient debout derrière lui et sert la tablée. Elle mange après. Jamais durant sa longue existence elle ne se plaindra de ce fait, c'était ainsi,  voilà tout. De leur amour naîtra 13 enfants dont seulement 11 vivront.
    Mais les moyens financiers font défaut pour élever correctement une telle nichée. Aussi,  la soeur d'hélène et son mari, Edith et Claude JOUMIER , ne pouvant avoir d'enfant prendront à leur charge financière l'éducation de plusieurs des enfants.

    Et les enfants il y en a :

à Ste Souline :
* le 11 Mai 1929 à 20h, est arrivé Pierre, André  que toute la famille connaîtra sous le sobriquet de Pierrot
* le 02 Juillet 1930 à 2 h est née Jeannine, Anne, Marie
* le 09 Mai 1932 c'est le tour de Pierrette, Annie
* le 14 Novembre 1933, arrive la petite Maryse, Michelle que la famille ne connaîtra que sous son deuxième prénom
* le 26 Mai 1935 à 5h du matin arrive Lionel ,Gérard
* le 06 Août 1936 c'est Jean-Claude, Gaëtan vers 08h 30
*le 20 Août 1937 c'est Joël, Berthy sur le coup des 4h du matin

à Chadurie :
* le 08 Avril 1941, 10h30, est annoncé Réjean, Boris
* le 18 Novembre 1942, le douzième coup de midi coïncide avec la naissance de Réjeane, Eliette,   ma Maman
* le 14 Juin 1944, arrive Claudette, Liliane vers 04h30
* le 03 juillet 1945, voit passer un petit ange, Serge, Guilbert qui s'eteindra à 10 mois le 28 mai 1946
* le 29 janvier 1947, une petite comète, un autre petit ange:  Josette, Marie-Claire sera rappellée à dieu, 1 mois et 3 jours après sa naissance,  le 3 mars 1947
* et enfin le 21 juin 1948 on claironne la naissance de Marivonne, Trésille vers 15 h30.


    Revenons en à notre histoire:  vers 1938/1939 la famille s'installe à "boisrond", en face où aujourd'hui est située la tour des émetteurs tv et téléphone.
    A cette époque là,  à la place de la tour, il y a une mare, et à la place du marchand d'outillage, des prairies. Ce qui est aujourdhui un restaurant routier, était l'étable qui abritait leurs vaches et leurs moutons de mes grand-parents. De là,  les enfants allaient à l'école à pieds jusqu'à Chadurie,  distant de quelques kilomètres.
      Le train-train de la vie à la campagne, au rythme des saisons est  à peine troublé, par la déclaration de guerre en septembre 1939;  pas plus que par l'exode qui passe devant la porte. alors on s'enferme le temps que passe les gens. L'armistice calme le flux.
    Je n'ai pas appris grand chose sur la cohabitation avec l'occupant, mais victime de la Grande Guerre , Edgard ne les aimait pas. Quelques réquisitions de poules, de lapins, d'oeufs  sont effectuées avec les pistolets mitrailleurs pointés sur la famille ; pas d' infos non plus sur la proximité d'un régiment de cavalerie cosaque de l'armée allemandes,  cantonné entre Charmant et Chadurie.


mars 1944, escadron cosaque a l'entrainement près de Charmant
Rien non plus sur l'ambiance suite au sabotage de la voie ferrée  pres de Charmant qui provoqua le déraillement important d'un train de troupes et de materiels allemands.
 Toutefois, Edgard va jouer de la musique dans les bals clandestins du canton, ce qui donnera bien des inquiétudes à ma grand-mère. Les bals, ainsi que toute réunion avaient été interdits par les allemands, et musiciens et "noceurs" risquaient la prison.
    Vers la fin de la guerre, on a frôlé la catastrophe. 1944, l'année où la famille a faillie être déportée ou fusillée sur place.
    Mon Grand-Père était grand blessé de guerre, son poumon arraché l'a fait souffrir jusqu'à sa mort et son état necessitait un suivi médical permanent. Le médecin venait toutes les semaines lui effectuer des soins et passait souvent le soir en terminant sa tournée. Cela a rendu de nombreux services à plusieurs résistants blessés qui souhaitaient se faire soigner discrètement à l'insu des forces de police et des allemands. Ils passaient discrètement de nuit et le médecins pouvait leur prodiguer des soins.

   Une voisine jalouse, haineuse,  pour une vieille histoire de terrain, une histoire d'avant la guerre, avait remarqué ces va et vient,  et avait dénoncé mon grand-père. Début 1944, les allemands sont à cran, ils sentent la haine monter dans la population, leur situation militaire se dégrade à la vitesse grand V, en un mot ils sont sur les dents. Le Sipo-SD  qui a remplacé la Géfépo d'Angoulêmene exploite toutes les dénonciations qui paraissent juteuses. Et donc une nuit de 1944, la famille est réveillée en sursaut par l'arrivée de camions. Des coups violents sur la porte se font entendre. La maison est vite envahie d'allemands en armes qui font aligner tout le monde, en queue de chemise, mains sur la tête,  face au mur,  dans la lumière des phares des camions. La maison est fouillée, tout est retourné du sol au plafond, les parquets cirés,  fierté de ma grand-mère porteront longtemps les griffures des bottes cloutées allemandes. Elle gardera cela en mémoire toute sa vie, sans réaliser qu'elle et ses enfants sont passés à deux doigts de la mort.
Policiers de la Géfépo d' Angoulême, à leur QG  de l'avenue Wilson



   N'ayant rien trouvé, l'officier allemand épluche leurs papiers d'identité en les interrogeant. Puis tout à coup,  il s'arrête net sur la carte d'identité de mon grand-père. S'en suit un silence pesant, l'homme sourit et engage la conversation avec sympathie. Il vient de relever un détail sur la carte d'identité, détail qui viens de tous leur sauver la vie: la mention "République d'Argentine"  ;  l'officier a vécu en Argentine  avant la guerre. Après la déclaration de guerre l'Argentine restera Neutre (après la guerre de nombreux allemands trouveront refuge en Argentine). La discussion continue aimablement sur l'Argentine, l'officier informe mon grand-père de la dénonciation et convient qu'il s'agit d'une fausse dénonciation par jalousie. Il s'excuse, fait évacuer ses hommes, et ils repartent vers Angoulême,  laissant la famille incrédule toujours alignée,  les mains sur la tête. Jusqu'à la libération les visites nocturnes se feront plus prudentes,  en faisant attention à éviter la voisine trop curieuse.



    Mars 1944, autre grande peur, le Bombardement d'Angoulême..., il est 21h30, le 20 mars 1944, la famille s'apprête à aller se coucher, les plus petits sont déjà au lit, dehors il fait nuit depuis peu. 
     Tout à coup, un bruit énorme dans le lointain,une énorme déflagration, suivie de bien d' autres. Tout le monde se précipite dehors, et là bas, en direction d'Angoulême une lueur vive qui fluctue.  Les alliés sont entrain de bombarder la Poudrerie Nationale d'Angoulême exploitée par les allemands.   Personne ne dormira cette nuit là. Que vont faire les allemands ? ne vont ils pas raffler des otages ?....Le 15 Juin 1944, à nouveau les alliés bombardent Angoulême, vers 7 h 30 du matin. Le débarquement a eut lieu le 6, et l' espoir renaît . Mais le 10 Juin, le bataillon "Der Führer" de la division SS "das Reich" remontant vers la Normandie depuis Montauban, commet les massacres de Tulle, et surtout détruit Oradour sur Glane et toute sa population, et cela  à moins de 100 kilomètres d'Angoulême. Tout cela juste pour marquer les esprits, pour que les populations terrorisées devant tant d'horreur ne se soulèvent pas, et ne retardent pas  la montée des renforts allemands vers le front. 

Les alliés ,eux , visent la gare pour gêner justement la circulation des trains de troupes et de munitions. La gare d'Angoulême est un noeud stratégique sur l'axe Bordeaux-Paris, mais aussi Limoges-Royan/La rochelle où les allemands concentrent des troupes dans les futures poches fortifiées. Donc ce matin là,  la gare est visée ; la gare où deux trains de voyageurs bondés attendent le départ. Dès le déclenchement des sirènes, le personnel de la gare dirigent les voyageurs vers le tunnel. Tout le quartier des gares (il y en a 5 à l' époque) est écrasé sous les bombes. Mais le bombardement manque de précision, et de St Roch à l'Houmeau, beaucoup de maisons ne sont que décombres et flammes.
la gare d'Angoulême après le bombardement


rue st Roch, en face c'est la place victor hugo

même lieu , vu depuis la place victor hugo
  Le résultat est un désastre : les deux vagues d'avions ont détruit 400 maisons, fait 123 morts dont 13 enfants, une centaine de blessés, 5 000 sinistrés...les voies de chemin de fer seront vite rétablies , provoquant un nouveau Bombardement le 15 Août 1944, quinze jours avant la libération d'Angoulême.  Donc, la famille vit cette période incertaine dans la peur, ils vivent au bord d'une grande route, on peut craindre des représailles à tout instant.


 Un convoi peut ouvrir le feu, ou prendre des otages ...à vol d'oiseau il sont a moins d'un kilometre du Tunnel de Livernant où passe la voie Paris-Bordeaux. En cas de sabotage, ils seraient les premiers visés par des représailles. Imaginez l'angoisse de ce père et de cette mère pour leur neuf enfants!


   Angoulême est enfin évacuée par les allemands, dans la nuit du 31 Aout au 1er Septembre 1944, au même instant Paris fête sa libération. Les derniers allemands rejoignent les convois qui remontent vers Poitiers et Nevers, les autres se replient vers  Royan et La Rochelle, où ils s'enferment dans les "poches fortifiées": la première sera prise en avril 1945, la seconde ne déposera les armes qu' en Mai 1945. Les FFI et FTP investissent enfin Angoulême , non sans combattre les derniers éléments retardateurs qui protègent la retraite de leurs compatriotes et autres collaborateurs en fuite. 


    La paix revient, avec son lot de fêtes et bals, l'euphorie succède a la guerre. Edgard est à nouveau très sollicité pour ses dons de musicien. Puis la vie reprend son rythme. Le pays manque de tout, certains produits comme le pain, le cuir, le tabac resteront rationnés longtemps, comme par exemple l'essence qui le restera jusqu'en... 1951 ! 
   Les enfants de la famille Chauvet grandissent, deviennent indépendants, se marient et quittent la maison, ce sera un autre chapitre. 


Edgard et Hélène en mars 1963
  Edgard atteint enfin l'age de la retraite et avec son épouse, ils regagnent leur domicile des "Hautes Lunettes" sur la commune de Ste Souline. Sa vieille blessure de 14/18 se transforme peu a peu en un cancer qui le ronge et le fait souffrir. Il s'éteint le 2 juillet 1964, je n'avais pas encore un an. 

HELENE CHAUVET NEE CLAUSURE, MA GRAND-MERE (Branche Maternelle)

    1905, Emile LOUBET est Président de la République. C'est l'année ou la loi sur le  Repos Dominical est votée et appliquée, cela provoque un mort, M Lepiètre, directeur du grand magasin " le Hall Ménilmontant", victime d'une crise cardiaque alors que des manifestants voulant faire appliquer la loi, voulaient envahir son établissement.


Emile LOUBET, Présient de la République

    Retournons en Charente, dans la petite commune de Juignac. Il est 16 h,

 4 hommes et un nouveau né sont dans le petit bureau de la Mairie. Celui qui est derrière le bureau, penché sur le registre, saisit une plume et rédige :
"Acte n°20
L'an mil neuf cent cinq, le vingt-neuf septembre à quatre heures du soir.
Acte de naissance de Clausure Hélène Marguerite Thérèse du sexe féminin, née le jour d'hier à onze heures du soir, au domicile de ses père et mère, fille de Clausure Pierre Camille Louis, cultivateur agé de vingt-quatre ans et de Justine Florentine Vrignaud, cultivatrice agée de vingt-deux ans, mariés, domiciliés à Ste Croix commune de Juignac.
Dréssé par nous Amédée Jean Vallade, Chevalier du mérite agricole, Maire, officier de l'état civil de la commune de Juignac
sur la présentation de l'enfant et la déclaration faite par le père en présence de Compain Jean sabotier agé de cinquante -huit ans et de Vouillac Maximin maréchal ferrant agé de trente-neuf ans demeurant l'un et l'autre séparement au bourg de Juignac qui ont signé avec le déclarant et nous apres lecture. ".
    Il repose sa plume, applique le buvard sur l'encre fraiche. Il retourne le registre et le fait signer à chacun.
Ma grand-mère est officiellement enregistrée.







    Elle est la seconde de trois enfants. Le 02 juillet 1904 est née Yvonne, qui devienra institutrice ( à Montmoreau je crois), et le 08 fevrier 1912, arrivera Adrienne, Edith qui deviendra Madame Claude JOUMIER. Cette dernière ne pourra malheureusement jamais avoir d'enfant, elle se consolera un petit peu, en elevant et en finançant les études de plusieurs des enfants de sa soeur Hélène, dont la petite famille est si nombreuse qu'elle ne peut faire face à toute les dépenses.


    Je ne sais rien de l'enfance de ma grand-mère Hélène, si ce n'est qu'elle a vécut entourée d'amour. Comme s'est passée sa scolarité ?
elle n'en a jamais parlé. 
    1910, au  décès de sa grand-mère, elle n'a que  5 ans, et cela ne lui a laissé aucun souvenir. 1914, son père est mobilisé et part a la guerre, je sais pas dans quel Régiment. Je ne sais pas comment la famille a vécu cette séparation. 1918, son père a survécu à la guerre et en revient même décoré.
    
    Après la Grande Guerre, la famille quitte "Ste Croix", et s'installe à Montboyer, et la vie reprend, douce et tranquille à nouveau. Mais un malheur va bientôt frapper la famille. 
    
     1923, Alexandre MILLERAND, est Président de la République.
Hélène CLAUSURE a 18 ans, elle n'est pas encore majeure. Est elle déjà cuisinière? elle vit toujours avec ses parents comme il se doit.


Alexandre MILLERAND, Président de la République


Justine, la mère d'Hélène va tomber malade. Et elle décède le  30 Juillet 1923 à seulement 40 ans laissant ses 3 filles à un mari sous le choc. Les filles ont maintenant 20, 18 et 11 ans. 



    Et le temps poursuit sa course, inéxorable, ...la vie continue. La famille va s'installer à Ste SOULINE au lieu dit "chez Bouchet".


    Exerçant son métier de cuisinière, elle va travailler dans tout le Sud-Charente. Pour chaque fête, chaque Mariage et il y en a beaucoup après cette guerre si douloureuse. En France, la musique accompagne tous les instants joyeux, et à l'époque, les musiciens ne chôment pas.

Hélène lors d'un mariage dans les années 20, elle est au deuxième rang sur la gauche entre deux hommes qui tiennent un verre et une bouteille
 Elle va croiser très régulièrement, un beau et grand jeune homme roux. Il est musicien, il joue bien, il est beau gosse, et c'est un fêtard.  De plus c'est un voisin, leurs maisons sont distantes d'à  peine 1 kilomètre. A force de se côtoyer dans les mêmes fêtes, on fait connaissance.
      Et c'est ainsi qu'ils se marient, avec le consentement des familles
en 1928, à Ste SOULINE. Elle prend se jour là le nom d'Hélène CHAUVET.


    Ils auront 11 enfants dont seulement 9 survivront. 
Elle veillera sur sa nichée, mais heureusement sera aidée par sa soeur qui prendra à sa propre charge l’éducation de plusieurs de ses enfants. Femme douce et effacée, elle veillera sans faillir sur la santé précaire de son grand gaillard de mari (1m96).
    Elle ne dira jamais un mot sur sa vie, se contentant de rester dans l'ombre de son époux. Elle ne dira rien de ses angoisses pendant la guerre quand son mari allait jouer dans les bals clandestins. Elle ne dira rien de toutes ses peurs pour sa famille pendant toute cette période. Ni de sa peine au décès de son père en février 1944 à l'âge de 62 ans. 
    De même, pas un mot ne sortira de sa bouche jusqu'à sa mort, sur ses deux petits anges morts en bas âge dans les années qui suivent la Libération. 


    Et la vie continue...viennent les années 50, puis 60. Le départ des enfants qui un à un se marient. L'arrivée des premiers petits enfants.
Edgard a atteint l'âge de la retraite. Ils repartent de "Boisrond" et retournent vivre à Ste SOULINE. Seulement les "Hautes Lunettes" ne sont plus en état, les bâtiments laissés inoccupés pendant plus de 20 ans sont délabrés et n'ont pas encore le confort moderne.
   Alors ils s'installent temporairement aux "Basses Lunettes" qui leur appartient, où ils vont camper dans un confort très approximatif, pour la durée des travaux. Une bonne année sera nécessaire avant l'achèvement des travaux. 

Edgard et Hélène en mars 1963
    La vielle blessure d'Edgard, qui remonte à 14/18 n'a jamais réellement guérit. Avec le temps, elle se transforme en cancer. Et plus rien n'arrêtera sa progression. Edgard sentant sa fin arriver mettra leur domicile en Viager. Mais il commettra une erreur. 
Il négligera de faire passer le viager sur la tête de sa femme. 
    Le 2 Juillet 1964, il est emporté par sa maladie, il à 69 ans.
Et c'est là, que son erreur va être dramatique. Hélène a 58 ans, elle vient de perdre son époux, son univers s'écroule, et en plus elle se retrouve à la rue. Le viager s'arrête au décès d'Edgard, et  comme aucune clause ne prévoit le transfert du viager sur la tête de l'epoux survivant, ma Grand-mère doit vider les lieux. 
   Complètement  assommée, elle se trouve un petit loyer au lieu-dit "Chez Biron" prés de "Boisrond". Comme pour ajouter à son malheur, elle devient progressivement sourde, ce qui contribue a l'isoler encore. 
    Sa retraite va s’écouler paisiblement. Elle déménagera bientôt dans les années 70. Elle habitera près de l'Eglise à Voulgézac.

Hélène en 1980, elle a 75 ans
 Elle y restera jusqu’à sa mort. Dans les derniers temps, très affaiblie, c'est une de ses belle-filles qui s'occupera d'elle. Si mes souvenirs sont bons, sentant la fin arriver, elle se fera toiletter et habiller et réunira ses enfants autour d'elle une dernière fois. Elle est rappelée à dieu le 22 Octobre 1985, elle a 80 ans. 



samedi 29 janvier 2011

AVANT D'ALLER PLUS LOIN

  Avant de continuer l'histoire de la famille VILAIN, nous allons nous attarder en parallèle sur l'histoire de la famille CHAUVET, la Famille de ma Mère.
    Mes 3 Frères et moi même, sommes le résultat de l'union d'Abel VILAIN et de Réjeane CHAUVET. C'est pourquoi, pour l'étude chaque génération nous associerons l'histoire des CHAUVET a celles des VILAIN, il ne pouvait décemment en être autrement

    Et l'histoire de la branche Charentaise de mes origines est largement  aussi mouvementée que la branche Vendéo-Bretonne paternelle.

    En effet, Histoire et histoires se mêlent. Charente, Dordogne, Argentine, ....drames et bonheur, politique et guerres se succèdent également dans la famille CHAUVET.

Alors allons a la découverte de la famille CHAUVET, en commençant par les Grand-parents , dans l'ordre de mon avancement dans mes recherches généalogiques.

....

GUSTAVE VILAIN, MON GRAND-PERE

    Le Siècle a tout juste 4 ans, Emile LOUBET est Président de la République, et nous sommes à La Ferrière, commune du Nord-Vendée, dans le Canton des Essarts.



Emile LOUBET , President de la République





Vers 20h, en ce 26 Avril 1904, trois hommes portant un nouveau-né se présentent a la Mairie. François REGRENIL, le maire de la commune, les fait entrer. Ils viennent déclarer une naissance comme on le faisait à l'époque.
     Le Père Clément VILAIN, 33 ans, cultivateur (aujourd'hui on dirait métayer) au lieu dit "La Morinière",  présente le petit garçon qui vient de naître la veille vers 17h00. Ses deux compagnons sont les témoins comme le prévoit la loi de l'époque , il s'agit de Maxime PETIT , 38 ans, Instituteur , et Henri ARNAUDIN, 38 ans receveur-buraliste.


    Donc, ce soir là, monsieur le Maire enregistre  devant témoins la naissance de Gustave, Ferdinand, Henri, Auguste VILAIN, né de Clement, Henri, Constant VILAIN et de Marie-Henriette FOURNIER son épouse. Gustave est le petit dernier, il rejoint Ferdinand né le 24/09/1897, Maria (en fait son premier prenom était Léontine) née le 01/09/1899, et Mélanie née le 24/06/1902, ses frères et soeurs.
  
    je sais peu de chose sur l'enfance de mon grand-père, sauf qu'il était si timide qu'il en était "sauvage" comme on dit. Se cachant quand on le regardait. Cette photo si dessus, il la détestait. Il gardait un mauvais souvenir de cette jeunesse en culotte courte et blouse d'écolier, mais surtout de ce col en dentelle dont on affublait la blouse pour aller à l'office (religieux), ou pour les grandes occasions. 

 Cette photo a été prise fin 1914, il fallait immortaliser la famille au complet car Clément, le Père partait pour le front, et Dieu sait ce qu'il pouvait se passer là-bas, à la guerre. Gustave n'a alors que 10 ans, Ferdinand l'aîné va  avoir 17 dans les jours suivants. Ils seront les seuls hommes de la maison pendant la durée de la guerre, ils aideront leur mère à tirer de la terre leur maigre pitance, mais aussi le terme a régler au Propriétaire  qui, guerre ou pas guerre, réclame son dû. 
    Je n'ai que peu d'informations sur sa scolarité, si ce n'est qu'il a souffert enfant de ce nom de famille pas facile à porter. et oui! les enfants son durs et méchants entre eux. La Grande Guerre s'est terminée et par chance Clément en revient, marqué comme tous les combattants qui ont été  témoins de cette boucherie.  Gustave, lui, est toujours prisonnier de sa timidité. Le temps passe, et Gustave a 21 ans.

Viennent les Années Folles: le Charleston et le Fox trott arrivent, et cela effraie un peu les parents. Gustave comme les jeunes de son âge se fait réprimander parce qu'il écoute de la musique de sauvage et porte les cheveux longs (cela ne vous rappelle rien?).
    1925, premier Conseil de Révision. C'est l'ensemble des examens que tout jeune homme doit passer pour voir s'il est apte à servir son pays.  Gustave a un gros problème, il est de faible constitution, à la limite du rachitisme. Trop fluet, trop maigre, et pour ternir encore le tableau , sa terrible timidité l'a conduit a l'alcool. Il est alcoolique depuis l'âge de 18 ans.  Il est refusé, classé Inapte, ce qui pour l'époque est une honte, car il ne sera pas considéré comme un homme tant qu'il n'aura pas fait son Service Militaire.
     1926, il est a nouveau classé inapte, et il se replonge de plus belle dans l'alcool.  1927, il est enfin accepté mais juste sur le fil du rasoir. Il est versé aux Services Auxiliaires des Armées. Sa connaissance des chevaux, et de la conduite des attelages, base de son travail à la ferme, le fait remarquer. Il est affecté au 111ème Régiment d'Artillerie Coloniale à Lorient dans le Morbihan, comme Canonnier-Conducteur, c'est lui qui tient les rênes de l'attelage d'une pièce d'artillerie.  


Gustave va donc être Lorientais pendant 3 ans, il en gardera un très bon souvenir toute sa vie.                                                                    C'est sa première expérience d'indépendance, il se fera assez             bien à la vie en collectivité, découvrira la vie dans une grande ville et tous les plaisirs que cela autorise.  Par contre les beuveries entre jeunes militaires et le pinard de l'Armée ne calmeront aucunement sa passion pour l'alcool.                                                                                 

Gustave VILAIN en uniforme du 111ème Régiment d'Artillerie Coloniale
 PETITE BALADE DANS LE LORIENT QU'A CONNU MON GRAND-PERE

















Ce Lorient là a disparut pour toujours dans les bombardements alliés entre 1942 et 1944. Le Lorient d'aujourdhui est autre chose.


1930, Gustave rentre en Vendée, pour aider ses parents, son Frère Ferdinand s'étant marié en Janvier 1927 n'est plus là. celui-ci réside désormais a Quimper (lointain berceau de la famille Vilain, nous y    reviendrons) ou celui-ci tiens désormais le Buffet de la Gare avec sa nouvelle épouse.                                                                                 











VERS LA CHARENTE, OU LES RAISONS D'UN DEPART

    Depuis 1930 donc,  Gustave est de retour en Vendée. Il a maintenant 26 ans. A cette époque on vit toujours comme au 19ème siècle, toute la famille vit  sous un même toit, c'est a dire les Grand-parents, les Parents, les enfants; c'est encore la règle dans les campagnes au début des années trente.


     La famille s'est désormais installée à proximité de La Roche sur Yon, près du petit village de Mouilleron le Captif . C'est le début du Marais Breton qui court  jusqu' à la Loire et plus en encore de l'autre coté de la loire jusqu'au pays de Guérande.

    La vie reprend son cours, calme, au rythme des saisons. Gustave est taciturne, renfermé, et est redevenu ce jeune homme sauvage, toujours versé dans l'alcool, solitaire et très souvent ivre. On le surnomme "le Breton" d'une façon un peu péjorative, moins pour ses lointaines origines bretonnes que tout le monde ignore, que pour les 3 ans qu'il a passé a Lorient.

    Malgré sa timidité, sa réserve il va faire la connaissance d'une jeune femme. un seul inconvénient : elle est toute jeune veuve et elle a un enfant, le Petit Alcime, Maurice, Marcellin BARRETEAU né le 21 mars 1926.  C'est Marcelline Durand Veuve BARRETEAU.
Nous parlerons de son Histoire dans un autre chapitre. A une époque où il n'est pas facile d'être timide (çà c'est pour Gustave) et ou il est inconvevable à une veuve de se  remarier dans cette Vendée catholique et superstitieuse, les familles vont pourtant accorder leur consentement a ce mariage. 



     La famille Durand est installée à Mouilleron le Captif, c'est là que sera celebré le mariage le 26 janvier 1931. Mais comment auraient elles refusé cette union, puisque les deux tourtereaux avaient consommé et attendaient un heureux événement.
     C'est ainsi qu'est arrivée le 14 juin 1931, la petite Christiane, Yvette, Fernande, Augusta VILAIN (Qui deviendra en 1949 Madame EDELY).
     Puis le 14 Octobre 1932, la petite Lucette, Michelle, Marie VILAIN vient au Monde (elle deviendra Madame LAVALLADE en 1954) . Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Mais la Vendée commence a être très peuplée, le travail est dur et les conditions des contrats entre propriétaires et cultivateurs (Métayers) sont peu avantageuses.
    En effet, toutes les pertes sont pour le métayer, par contre 50% voir plus, des bénéfices sont pour le propriétaire. Ce qui est supportable les bonnes années, l'est beaucoup moins les mauvaises.

    Un évènement va déclencher la haine, et la bêtise va l'emporter sur la raison, comme c'est souvent le cas en période de crise. Une épidémie va s'abattre sur les troupeaux de vache. Mais , dans une région comme la Vendée, très superstitieuse, c'est forcément la faute d'un sort ou d'un "mauvais oeil". Mais qui est responsable?
Mais bien sûr, c'est lui! le presque étranger, le "Breton", qui parle a très peu de monde, le regard fuyant, le sauvage, c'est lui a coup sûr, lui qui a épousé une veuve en plus!
    La rumeur enfle, et va se déchaîner, peut être aidée par un peu d'alcool. Le village se réunit et probablement sous l'emprise d'un ou deux meneurs, c'est la curée. tout le village poursuit Gustave à travers champs et chemins creux. Il est enfin attrapé, rossé, et traîné a l'Église ou on oblige le prêtre a l'exorciser pour lui laisser la vie sauve. Nous sommes en 1933, et dans les jours qui suivent, grâce à des cousins germains du coté de sa mère, une solution est trouvée.
    L'un deux est déjà installé en Charente, ou suite au phylloxera, la vigne a été entièrement détruite quelques décennies plus tôt. Les employés agricoles y manquent encore en grand nombre,et les charentais ayant oublié les techniques d'élevage au profit de la vigne, sont à la recherche de bras pour relancer leur agriculture . De ce fait, les Charentais proposent pour inciter les gens a venir, de nouveaux contrats de "métayage" plus avantageux: les pertes sont partagées a 50/50 , comme les bénéfices, entre le propriétaire et  le cultivateur.
    Gustave prend rapidement sa décision, et c'est en catimini qu'il quitte la Vendée, après avoir chargé sa famille et ses meubles dans un camion.  Destination Pérignac, au lieu dit "le maine buisson", ou son cousin FOURNIER lui a trouvé en urgence un contrat de métayage. Imaginez le voyage à l'époque dans un camion qui roule a 50 ou 60 km/h par de mauvaises petites routes, comme cela a du être une aventure,  tassés dans un camion entre caisses et balluchons. Combien d'heures ont ils mis pour arriver ?....

ainsi débute l'histoire Charentaise de la famille de mon Père.